Vous avez des trous de mémoire ? La science vous rassure : c’est un bon signe !

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Qui n’a jamais oublié un prénom, un rendez-vous ou l’endroit où l’on a garé sa voiture ?

Ces petits trous de mémoire peuvent être source d’inquiétude, surtout si l’on pense qu’ils pourraient être le signe d’un déclin cognitif.

Pourtant, selon les dernières recherches en neurosciences, ces oublis ne seraient pas forcément négatifs.

Bien au contraire, ils pourraient même être bénéfiques à notre cerveau et à notre bien-être général.

Nous allons vous dévoiler en détail les raisons pour lesquelles avoir des trous de mémoire peut être un bon signe, en nous appuyant sur les travaux de chercheurs renommés et les dernières découvertes en la matière.

Comprendre les mécanismes de la mémoire

Pour débuter, il est essentiel de comprendre comment fonctionne notre mémoire. Les neuroscientifiques distinguent plusieurs types de mémoire, qui s’organisent en un système complexe.

  • La mémoire sensorielle : elle permet de retenir des informations provenant de nos cinq sens (vue, ouïe, toucher, goût, odorat) pendant une très courte durée (quelques millisecondes à quelques secondes).
  • La mémoire à court terme (ou mémoire de travail) : elle stocke temporairement des informations dont nous avons besoin pour accomplir une tâche cognitive précise (comme retenir un numéro de téléphone le temps de le composer).
  • La mémoire à long terme : c’est le « stockage » permanent de nos souvenirs, savoirs et compétences. Elle se divise elle-même en deux grandes catégories :
    • La mémoire déclarative (ou explicite) : elle concerne les souvenirs conscients que nous pouvons raconter ou expliquer (comme le nom de notre meilleur ami ou la date de notre anniversaire).
    • La mémoire non déclarative (ou implicite) : elle regroupe les compétences et habitudes que nous avons acquises inconsciemment (comme savoir faire du vélo ou taper sur un clavier).

La formation, la consolidation et la récupération des souvenirs sont des processus dynamiques, qui font intervenir de nombreuses structures cérébrales et des milliards de connexions neuronales. Les trous de mémoire peuvent survenir à différentes étapes de ces processus, et avoir des causes variées (stress, fatigue, distractions, vieillissement, maladies…).

Les avantages de l’oubli sur la flexibilité cognitive

Si les trous de mémoire peuvent être perçus comme des dysfonctionnements, des chercheurs en neurosciences ont montré qu’ils peuvent aussi avoir des fonctions adaptatives pour notre cerveau. En effet, l’oubli permettrait de :

  1. Faire de la place pour de nouvelles informations : notre cerveau a une capacité de stockage limitée, et doit donc sélectionner les souvenirs les plus pertinents à conserver. Les oublis seraient ainsi un moyen de « nettoyer » notre mémoire de données obsolètes ou inutiles, pour pouvoir enregistrer de nouvelles connaissances et expériences.
  2. Renforcer les souvenirs importants : selon la théorie de la consolidation synaptique, le fait d’oublier certaines informations permettrait de consolider celles qui sont réellement essentielles à notre survie et à notre épanouissement. Ainsi, notre cerveau opérerait une sorte de « tri sélectif » pour ne garder que les souvenirs les plus saillants et les plus utiles.
  3. Améliorer notre adaptabilité et notre créativité : l’oubli favoriserait la flexibilité cognitive, c’est-à-dire notre capacité à penser de manière souple et innovante, en évitant de rester figé dans des schémas de pensée rigides et stéréotypés. Les trous de mémoire nous permettraient donc de nous adapter plus facilement aux changements et aux défis de notre environnement, et de développer des solutions originales aux problèmes que nous rencontrons.
  4. Faciliter la prise de décision : en nous libérant de certaines informations superflues, l’oubli nous aide à nous concentrer sur les éléments essentiels pour prendre des décisions éclairées et efficaces. Les chercheurs ont ainsi observé que les personnes ayant une bonne mémoire de travail (c’est-à-dire la capacité à maintenir à l’esprit et à manipuler simultanément plusieurs informations) sont plus aptes à prendre des décisions complexes et à résoudre des problèmes difficiles.

Les scientifiques insistent toutefois sur le fait que l’oubli doit être modéré et équilibré : trop d’oubli peut nuire à notre qualité de vie et à notre autonomie, tandis que trop peu d’oubli peut engendrer des problèmes de surcharge cognitive et de rigidité mentale.

Le rôle de l’oubli dans la régulation émotionnelle

Les trous de mémoire ne sont pas seulement bénéfiques pour notre cognition, ils jouent un rôle crucial dans notre santé mentale et notre équilibre émotionnel. Les chercheurs ont mis en évidence plusieurs mécanismes par lesquels l’oubli contribue à notre bien-être psychologique :

  1. La résilience face au stress et aux traumatismes : oublier certaines expériences douloureuses ou stressantes permet de nous protéger de leurs effets néfastes sur notre moral et notre estime de nous-mêmes. La capacité à laisser derrière soi les échecs, les peurs et les blessures du passé est une composante essentielle de la résilience, cette faculté à rebondir face aux difficultés de la vie et à continuer d’avancer malgré les obstacles. Des études ont montré que les personnes résilientes présentent souvent une meilleure capacité à oublier les événements négatifs et à se focaliser sur les aspects positifs de leur existence.
  2. La régulation des émotions et la prévention des ruminations : l’oubli nous aide à ne pas ressasser indéfiniment les mêmes pensées et émotions négatives, ce qui peut conduire à la dépression, l’anxiété ou d’autres troubles psychologiques. En effaçant de notre mémoire les détails superflus ou les souvenirs perturbants, notre cerveau nous permet de garder une certaine distance émotionnelle avec notre passé et de nous concentrer sur le présent et l’avenir.
  3. La consolidation de notre identité et de notre estime de nous-mêmes : en choisissant de conserver et d’oublier certains souvenirs, notre cerveau construit une version cohérente et valorisante de notre histoire personnelle et de notre personnalité. Cette sélection mnésique participe à la formation de notre identité et de notre image de nous-mêmes, en mettant en avant nos réussites, nos qualités et nos liens affectifs, tout en minimisant nos erreurs, nos défauts et nos conflits interpersonnels.

Il est nécessaire de préciser que la capacité d’oubli est une compétence qui peut s’apprendre et se développer, notamment grâce à des techniques de gestion du stress, de relaxation, de pleine conscience ou de restructuration cognitive. Les thérapies comportementales et cognitives, par exemple, visent à aider les personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs à modifier leur façon de penser et de se souvenir, en mettant l’accent sur les aspects positifs et constructifs de leur vie.

Les limites et les risques des trous de mémoire

Si les trous de mémoire peuvent avoir des effets bénéfiques sur notre santé cognitive et émotionnelle, il convient de prendre en compte leurs limites et leurs risques potentiels. En effet, certains types d’oubli peuvent être le signe de problèmes neurologiques ou psychologiques plus graves, qui nécessitent une attention médicale et un suivi approprié.

  • Les troubles de la mémoire liés au vieillissement normal : avec l’âge, il est normal que notre mémoire se détériore légèrement, notamment en ce qui concerne la mémoire épisodique (c’est-à-dire les souvenirs d’événements précis et de leur contexte). Toutefois, ces troubles légers de la mémoire ne doivent pas être confondus avec les troubles cognitifs légers ou la maladie d’Alzheimer, qui se caractérisent par des déficits mnésiques plus importants et des difficultés à réaliser les activités quotidiennes.
  • Les troubles amnésiques : ils se manifestent par une perte de mémoire soudaine et sévère, souvent due à un traumatisme crânien, une infection, un accident vasculaire cérébral, une tumeur, une carence en vitamines ou l’abus d’alcool ou de drogues. Les troubles amnésiques nécessitent une évaluation médicale approfondie et un traitement adapté, afin de prévenir d’éventuelles complications et de favoriser la récupération des fonctions cognitives.
  • Les troubles dissociatifs : ils sont caractérisés par des pertes de mémoire involontaires et récurrentes, qui touchent généralement des souvenirs traumatisants ou conflictuels. Les troubles dissociatifs, tels que l’amnésie dissociative, la dépersonnalisation, le trouble de stress post-traumatique ou le trouble de la personnalité multiple, sont souvent liés à des expériences de violence, d’abus, de négligence, de deuil ou de séparation. Ils requièrent un suivi psychologique et/ou psychiatrique, afin d’aider les personnes concernées à intégrer et à surmonter leurs traumatismes.

Les trous de mémoire ne sont pas forcément un signe de déclin cognitif ou de maladie mentale. Au contraire, ils peuvent être un indicateur de bonne santé neuronale, de flexibilité cognitive et de résilience émotionnelle. Néanmoins, il est important de rester vigilant face aux oublis excessifs ou inhabituels, qui peuvent révéler des problèmes neurologiques ou psychologiques plus profonds. Si vous êtes préoccupé par votre mémoire, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé, qui pourra évaluer vos capacités mnésiques et vous proposer des conseils ou des traitements adaptés à votre situation.

1 avis sur « Vous avez des trous de mémoire ? La science vous rassure : c’est un bon signe ! »

  1. Intéressant de voir comment les « défaillances » de notre mémoire peuvent en fait contribuer à notre agilité mentale et créativité. Cela me rend moins inquiet la prochaine fois que j’oublierai où j’ai mis mes clés ! 🧠

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