En 1963, elle s’installe à Paris par amour pour Costa-Gavras, un jeune assistant réalisateur qui lui a tourné la tête. L’idylle s’est terminée, elle n’est jamais partie.
Soixante ans plus tard, Tanya Lopert a conservé de son passé new-yorkais un charmant accent qu’elle avoue tenter en vain d’effacer et un sens de l’humour typiquement anglo-saxon. Ne faut-il pas être très autodérision pour intituler son autobiographie Mémoires d’une actrice ratée ? “J’ai trouvé ça drôle… Et puis c’est vrai que ma carrière m’a manqué”, plaisante-t-elle en nous accueillant plein de souvenirs dans son bel appartement du boulevard Raspail.
En tant qu’actrice, vous ne vivez que dans les yeux du réalisateur.
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Tanya Lopert est drôle, c’est peut-être son malheur… Elle rêvait d’être une grande tragédie, de briller dans les mélodies, de camper Médée. En bref : “pour vous faire pleurer”. Au lieu de cela, la plupart des cinéastes qu’elle a rencontrés ne la voyaient que comme une comédienne : « On m’a souvent dit que je ressemblais à une femme Woody Allen. »
Avec Philippe Noiret dans L’ami de Vincent (1983) de Pierre Granier-Deferre.
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Claude Berri a même voulu en faire l’héroïne d’une série comique, sorte de parodie de “Martine”. Comme souvent, Tanya Lopert a refusé. « Est-ce que j’aimerais être une grande star ? Peut-être. J’aurais surtout aimé être une grande actrice comme Vanessa Redgrave. »
Maintenant l’amertume du passé est digérée
La liste des réalisateurs qui l’ont laissé travailler est néanmoins impressionnante : Téchiné, Resnais, Sautet, de Broca, Molinaro, Ferreri… Mais presque toujours pour des seconds ou troisièmes rôles. Même Federico Fellini ou Claude Lelouch n’ont jamais daigné en faire leur égérie : “Ils m’ont aimé, mais je ne les ai pas inspirés.” En tant qu’actrice, on ne vit que dans le regard du réalisateur. »
Que se passe-t-il après cette annonce ?
elle était jalouse Du charme de Fanny Ardant, à la beauté de Marthe Keller, au succès de Catherine Deneuve… Désormais, l’amertume du passé est digérée. Elle rit en se rappelant l’une de ses premières auditions en 1971 pour une pièce avec Bernard Blier, où elle a perdu ses fonds à cause du trac. Puis, du fond de la salle, elle entendit une voix qui s’amplifiait : « L’Américaine est si mauvaise qu’on ne l’emmènerait même pas dans un cours de théâtre ! » Elle a besoin d’un changement de carrière ! “C’est alors qu’elle est ressortie effondrée et a menacé de tuer son mari, Jean-Louis Livi, le neveu d’Yves Montand.
Comme beaucoup d’actrices, Romy Schneider a eu du mal à vivre. Comme moi.
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Tanya Lopert affirme qu’elle n’est pas nostalgique. Même si les murs de son appartement sont couverts de photos en noir et blanc : là on la voit sur scène avec André Dussollier ; ici elle répond à Alain Souchon ; et là encore : Philippe Noiret. Fille du producteur et distributeur Ilya Lopert, qui a fait découvrir le cinéma européen aux Américains, Tanya a grandi entourée de célébrités.
Enfant, elle dîne avec Charlie Chaplin et Ingrid Bergman. Adolescente, elle socialise avec Marilyn Monroe et Tennessee Williams. Plus tard, elle flirte avec Warren Beatty et Burt Reynolds, se lie d’amitié avec Jane Fonda, Susan Strasberg et Romy Schneider. Il l’a appelée la veille de sa mort : “Je me fiche qu’elle se soit suicidée ou non. Elle était si triste que son cœur a lâché. Comme beaucoup d’actrices, elle a eu du mal à vivre. Comme moi. »
Je n’attends plus rien de moi, ce métier
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Dans ses mémoires, elle raconte la vérité sur le monde du cinéma, loin du glamour, plein de drame, d’agressivité et d’humiliation. Un milieu où les actrices vivent dans la peur de la vieillesse et n’inspirent plus le désir. « J’ai écrit ce livre comme un témoignage à la nouvelle génération. Pour ceux qui rêvent de faire ce métier, explique-t-elle. Je n’attends rien de plus…. “Même s’il y a encore des jours où elle espère que le téléphone sonnera et qu’on lui proposera le rôle de sa vie au bout du fil.
Nous tenons à remercier l’auteur de ce court article pour ce contenu incroyable