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L’histoire de l’ARNm
L’élucidation de la structure de l’ADN a suscité des questions beaucoup plus complexes. Comment l’ADN fonctionne-t-il, et comment les protéines et les enzymes sont-elles fabriquées dans les cellules? Une partie de la réponse réside dans la découverte de l’ARN messager(ARNm), annoncée officiellement en 1961. Comme pour son parent, l’ADN, il a fallu des décennies de travail fastidieux et la participation d’innombrables scientifiques avant que les processus moléculaires et biochimiques de l’ARNm ne soient élucidés. Cependant, personne n’a reçu le prix Nobel pour sa découverte.
L’essai de Matthew Cobb, dont le lien figure dans le paragraphe précédent, fournit un examen complet de cette histoire. En résumé, les niveaux techniques atteints à l’époque en biochimie ne pouvaient fournir que des indices de la présence d’ARNm et nécessitaient des «exploits d’imagination» et une «façon entièrement nouvelle de penser la fonction des gènes».
Fondamentalement, la découverte de l’ARNm a été motivée par le besoin de comprendre comment les gènes fonctionnaient au niveau moléculaire, de quelle façon ils créaient des protéines, unités moléculaires essentielles au déroulement de la vie. Il ne suffisait pas de savoir que l’ADN contenait toute l’information héréditaire. Comment la traduire en «fonction biologique»? Le modèle de Watson et Crick a permis de comprendre que l’information génétique était liée aux séquences de paires de bases sur la molécule d’ADN.
Les travaux antérieurs de Jean Brachet et Torbjörn Caspersson dans les années 1940 avaient révélé que la synthèse des protéines se produisait dans le cytoplasme de la cellule et non dans le noyau où se trouvait l’ADN. Ils avaient également remarqué que pendant les périodes de synthèse protéique accrue, les niveaux d’ARN augmentaient. La fabrication des protéines ne se faisait pas directement sur l’ADN, des processus intermédiaires étaient donc nécessaires.
En 1952, Alexander Dounce, qui travaillait à la faculté de médecine de Rochester, a observé que «la disposition des résidus d’acides aminés [éléments constitutifs des protéines] dans une chaîne peptidique donnée [le précurseur des protéines] est dérivée de la disposition spécifique des résidus de nucléotides dans une molécule d’acide nucléique spécifique correspondante».
Il a proposé que l’ADN serve de modèle pour la synthèse de l’ARN, qui sert ensuite de base à la synthèse des protéines. En 1957, Francis Crick a qualifié cette idée de «dogme central de la biologie moléculaire», ce qui signifie que le transfert de matériel génétique se fait d’acide nucléique à acide nucléique ou d’acide nucléique à protéine. L’information ne peut pas être transférée en sens inverse.
Bien que l’on ait trouvé de l’ARN et des protéines associées appelées ribosomes, nécessaires à la synthèse des protéines, le manque de compréhension de la nature et de la fonction de ces structures a conduit à des idées fausses persistantes sur la façon dont l’information génétique était transmise. La théorie dominante à l’époque était que pour chaque segment d’ADN traduit, il y avait un ribosome correspondant pour synthétiser une protéine particulière.
Entre-temps, les travaux menés tout au long des années 1950 sur les bactéries ont montré un renouvellement rapide de l’ARN lors d’une infection par des phages [un virus qui parasite une bactérie en l’infectant et en se reproduisant à l’intérieur de celle-ci], ce qui a conduit à l’hypothèse que l’ARN était synthétisé dans le noyau, puis transporté dans le cytoplasme, où il s’intégrait aux ribosomes. En outre, on a constaté que le nucléotide uracile spécifique de l’ARN était nécessaire à la synthèse des protéines [et n’intervenait pas dans la réplication de l’ADN], ce qui n’a fait que confirmer que le message était «transcrit» dans le noyau et envoyé dans le cytoplasme où il pouvait être «traduit».
Un premier indice de l’existence d’un ARN messager a été fourni en 1956 par Ken Volkin et Larry Astrachan, travaillant au Oak Ridge National Laboratory dans le Tennessee, grâce à leurs travaux sur l’infection de bactéries E. coli par des phages. La quantité totale d’ARN dans la bactérie n’a pas changé, mais une petite fraction du total a été fabriquée en quelques minutes seulement. Il est intéressant de noter que la composition de cet ARN à courte durée de vie est celle de l’ADN du phage [ou virus] infectant.
En 1957-58, à l’Institut Pasteur, Arthur Pardee et Jacques Monod ont montré que lorsqu’un gène particulier codant pour une enzyme essentielle était transféré à une bactérie dépourvue de ce gène, celle-ci produisait en quelques minutes l’enzyme qu’elle ne pouvait pas produire auparavant. La deuxième observation critique faite par l’équipe dont faisait partie François Jacob était que, chez les bactéries contenant les gènes transcrits, une enzyme ne s’activait que lorsqu’un produit chimique ou un substrat était introduit, ce qui signifie que ces gènes étaient réprimés et que l’agent inducteur permettait la formation du produit. Ils ont appelé le «gène répresseur» un «messager cytoplasmique». Mais la manière dont cette signalisation complexe était élaborée et mise en œuvre par les cellules restait inconnue.
Pendant ce temps, Francis Crick et Sydney Brenner ne travaillaient pas sur les mécanismes de régulation des processus cellulaires comme leurs homologues de Paris. Selon les mots de Brenner, «Nous nous intéressions essentiellement au code.»
Puis, un jour fatidique, le 15 avril 1960, Crick, Brenner et Jacob se rencontrent pour une réunion informelle au King’s College de Cambridge, après une conférence tenue à Londres la veille. Jacob passe en revue les détails de leur dernière expérience, où ils ont montré que lorsqu’un gène particulier est introduit dans une bactérie déficiente pour cette enzyme, celle-ci produit immédiatement des niveaux élevés de cette enzyme. Il a ajouté que Pardee avait montré dans une expérience que le gène ne produisait pas un ribosome stable et efficace, mais une «molécule messagère transitoire» qu’ils ont baptisée «X».
François Jacob écrit dans son autobiographie The Statue Withinque «Francis (Crick) et Sydney (Brenner) se sont levés d’un bond. Ils ont commencé à gesticuler. À argumenter à toute vitesse dans une grande agitation. Un Francis au visage rouge. Un Sydney aux sourcils hérissés. Les deux ont parlé en même temps, en criant. Chacun essayant de devancer l’autre. D’expliquer à l’autre ce qui lui était venu à l’esprit. Tout cela à un rythme qui laissait mon anglais loin derrière.»
Le fait d’avoir immédiatement conçu que la mystérieuse molécule messagère était un ARN messager transitoire signifierait que les ribosomes ne sont que des molécules complexes inertes qui pourraient lire n’importe quel message qui leur est envoyé par le biais du modèle copié de l’ADN, simplifiant et universalisant la fonction et la nature conservatrice des cellules en général. Cette percée intuitive a réorienté leurs efforts pour tenter d’isoler l’insaisissable ARNm.
Les mois suivants, ils travaillent au Caltech de Pasadena en utilisant les «ultracentrifugeuses» de Matt Meselon pour leur expérience. Comme ils l’avaient supposé, aucun nouveau ribosome n’a été fabriqué. Au lieu de cela, comme Cobb l’écrit dans son essai, «un petit ARN transitoire qui avait été copié à partir de l’ADN du phage était associé à d’anciens ribosomes déjà présents dans l’hôte bactérien. C’était l’ARN messager.»
Comme Cobb le note ensuite à juste titre, d’autres chercheurs et scientifiques travaillant sur ces questions faisaient des percées similaires et seraient parvenus à ces conclusions à peu près au même moment. Robert Risebrough et James Watson avaient également fabriqué de l’ARNm isolé à peu près au même moment, mais ils ont ensuite appris que Crick et Brenner s’apprêtaient à publier. Watson s’est empressé d’envoyer à Brenner un télégramme lui demandant de retarder la publication de son manuscrit afin qu’ils puissent publier conjointement dans Natureen mai 1961, inaugurant ainsi la découverte de l’ARNm.
Décryptage du code génétique, ARN pré-messager et révolution génétique
La découverte de l’ARNm coïncide avec les travaux réalisés en 1958 par Marshall Nirenberg et Heinrich Matthaei au National Institutes of Health, où ils ont non seulement présenté la première démonstration de l’ARN messager, mais aussi fait le premier pas vers le déchiffrage du code génétique. La question à laquelle ils cherchaient des réponses était de savoir comment l’ADN dirigeait l’expression des protéines.
Pour l’époque, il s’agissait d’un exploit de génie génétique impressionnant. Sachant que le nucléotide uracile ne se trouve que dans l’ARN, ils ont construit un ARN uniquement composé d’uracile. Ils l’ont ensuite inséré dans la bactérie E. coli, qui possède toute la machinerie nécessaire à la synthèse des protéines. Ils ont ensuite ajouté une enzyme qui n’a fait que dégrader l’ADN de l’E. coli, mais a préservé toutes ses autres fonctions. En d’autres termes, aucune protéine ne pouvait être construite autrement qu’à partir de leur ARN synthétique.
Ils ont ensuite ajouté à leurs extraits un acide aminé marqué par radioactivité et 19 autres non marqués. Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines. La protéine synthétisée était de la phénylalanine marquée par radioactivité, dont le code génétique est constitué de trois bases uracile alignées. Le marquage radioactif des nucléotides [marquage des molécules avec un traceur] est devenu largement disponible dans les années 1950, permettant de visualiser et de détecter les acides nucléiques à l’état de traces.
Nirenberg a présenté son article en août 1961 au Congrès international de biochimie de Moscou, électrisant les scientifiques réunis. La «course au codage» a suivi au début des années 1960 pour identifier tous les codes des différentes séquences d’acides aminés, principalement entre le groupe de Nirenberg au NIH et le lauréat espagnol du prix Nobel Severo Ochoa à la faculté de médecine de l’université de New York.
Le code génétique est la règle que suivent les cellules vivantes pour traduire l’information génétique en protéines. George Gamow, un physicien soviéto-américain, avait postulé que trois bases nucléides étaient nécessaires pour coder 20 acides aminés standard utilisés par les cellules vivantes pour construire des protéines. Il est maintenant reconnu que la traduction de l’ARNm est effectuée par les ribosomes à l’aide de molécules d’ARN de transfert (appelées ARN solubles à l’époque) qui lisent l’ARNm trois nucléotides à la fois et ajoute l’acide aminé spécifique dicté pour la position spécifique.
En 1966, Nirenberg et son équipe, avec la collaboration d’autres scientifiques recrutés pour aider aux travaux du NIH, ont terminé le séquençage des trois bases nucléotidiques correspondant à leurs acides aminés respectifs. En 1968, il reçoit le prix Nobel avec Har Gobind Khorana pour leurs études sur les acides aminés et les protéines.
Au début des années 1970, les biochimistes et les généticiens ont reconnu qu’il devait exister une molécule précurseur de l’ARNm, qui était ensuite modifiée avant que la version finale ne soit présentée aux ribosomes, appelée ARN pré-messager. Une grande partie des travaux sur le traitement de l’ARN, la signalisation cellulaire et les protéines d’épissage complexes ont été réalisés par James Darnell et ses collaborateurs.
Selon une étude publiée dans Nucleusen 2014 sur l’histoire de l’investigation du pré-ARNm, en 1977, deux équipes travaillant indépendamment, l’une dirigée par Phillip Allen Sharp au MIT et l’autre par Richard J. Roberts au Cold Spring Harbor Laboratory, utilisant la microscopie électroniqueont découvert que les molécules d’ARN isolées s’hybridaient à l’ADN double brin en déplaçant l’un des brins d’ADN. Cependant, la séquence d’ARNm générée était complémentaire de plusieurs régions d’ADN non contiguës. (Voir le lien microscopie électronique pour les images d’ARNm et d’ADN de l’équipe de recherche de Phillip Sharp).
En d’autres termes, les gènes réels étaient divisés en plusieurs segments le long de l’ADN. Ces découvertes ont ensuite conduit 1) à la découverte des «introns» dans l’ADN des cellules eucaryotes, qui ont des noyaux bien définis, 2) à la compréhension du fait que le pré-ARNm devait être modifié en une forme mature, et 3) à la reconnaissance du fait que la transcription de l’ARNm et les fonctions d’édition pour créer une forme mature étaient indépendantes l’une de l’autre.
Les introns, ou régions intragéniques sont des zones d’ADN résidant entre ou à l’intérieur des gènes. Un «exon» est à l’inverse une partie d’un gène qui fera partie de l’ARN mature final utilisé pour la traduction en une protéine. En d’autres termes, lorsque l’ARNm est transcrit pour la première fois, les introns et les exons sont inclus dans l’ARN pré-messager. Il subit ensuite une modification par des enzymes qui les épissent et deviennent l’ARNm précédemment référencé. Pour leurs travaux, Sharp et Roberts ont partagé le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1993.
En 1978, Walter Gilbert, de Harvard, a suggéré que les introns étaient plus que de l’ADN redondant et inutile. Ils servaient plutôt de points chauds possibles pour la recombinaison afin de former de nouvelles combinaisons d’exons, facilitant ainsi les voies de l’évolution. Les progrès de la biologie moléculaire ont permis de déduire que les introns font partie intégrante de la fonction des cellules eucaryotes. Le lecteur est invité à consulter un rapport publié dans Frontierspar Michal Chorev et Liran Carmel sur la fonction des introns en 2012.
Ces percées étaient fondamentales pour la révolution génétique qui se développait à grande vitesse. La complexité croissante de la détermination du fonctionnement interne des cellules a également nécessité d’élargir le champ d’investigation et de concevoir des outils plus sensibles et plus efficaces, ce qui a amené un plus grand nombre de scientifiques et de chercheurs à s’intéresser à la discipline moderne de la biochimie et de la génétique.
Les séquenceurs de gènes et le projet du génome humain
Les séquenceurs génomiques, en particulier, sont devenus partie intégrante de tout laboratoire et sont utilisés pour diverses opérations de recherche. Après 1977, avec l’introduction du séquenceur d’ADN de Frederick Sanger, ces instruments sont devenus largement utilisés, le premier étant commercialisé en 1986 par Applied Biosystems. Les séquenceurs de nouvelle génération qui permettent une analyse génomique à haut débit à grande échelle ont rendu le séquençage chose courante, y compris la synthèse de ces brins génétiques.
En 1985, Kary B. Mullis, alors qu’il travaillait comme chimiste à la Cetus Corporation, une entreprise de biotechnologie de Californie, a inventé la technique de réaction en chaîne par polymérase (PCR) permettant de copier des segments d’ADN et de les amplifier, contournant ainsi le processus atrocement laborieux et long consistant à «cloner» l’ADN, à le cultiver dans des bactéries, à retrouver les bons segments et à les cultiver encore jusqu’à ce qu’on en obtienne suffisamment.
Cetus a tenté d’automatiser le processus et a produit un prototype de thermocycleur d’ADN. En 1989, la société de biotechnologie s’est associée à Hoffman-LaRoche pour développer et commercialiser des produits et services de diagnostic humain in vitro basés sur la technologie PCR. Roche Molecular Systems achètera le brevet de Cetus et la technologie associée pour 300 millions de dollars.
Toute une industrie entourant l’entretien de ces instruments et la fabrication de réactifs et de matériel jetable a fleuri. Des organismes de réglementation ont été créés et les normes d’utilisation ont été formalisées.
Au milieu des années 1970, les progrès réalisés dans la combinaison d’éléments d’ADN provenant de différents organismes étaient suffisants pour que l’Académie nationale des sciences demande un moratoire temporaire sur toutes les expériences génétiques jusqu’à ce que les questions éthiques entourant ces recherches soient développées et acceptées, et puissent former la base des principes du génie génétique moderne.
Au milieu des années 80, de nouvelles techniques de ciblage et de découpage des gènes ont été mises au point. Un vaccin recombiné contre l’hépatite B était en cours de conception. En 1988, le premier maïs génétiquement modifié utilisant des gènes de la bactérie Bacillus thuringiensis (maïs Bt) est apparu dans les exploitations agricoles américaines, permettant d’augmenter les rendements en empêchant l’infestation par les parasites.
Sur la base de ces avancées, le projet du génome humain a été conçu dans les années 1980 et officiellement lancé en 1990. Il s’agit du plus grand projet collaboratif international de biologie au monde. L’objectif était d’identifier chaque paire de bases de l’ADN humain. Bien que déclaré complet en 2003, seulement 85% du génome avait été cartographié. Le niveau «génome complet», soit 99,7%, a été atteint en mai 2021, et l’«assemblage final sans lacune» a été achevé en janvier 2022. Au cours de ce projet, plusieurs gènes ont été identifiés comme responsables de certaines maladies, ouvrant la voie au génie génétique pour traiter ces pathologies.
Avec la reconnaissance croissante du rôle thérapeutique potentiel de l’ADN et de l’ARN dans le traitement d’un assortiment de maladies, les progrès des systèmes d’administration de médicaments se sont développés en parallèle.
Plus précisément, les nanoparticules lipidiquespeuvent transférer ces brins génétiques très fragiles dans le cytoplasme de la cellule, où ils peuvent être utilisés pour créer la protéine nécessaire. C’est la base des vaccins Moderna et Pfizer contre la COVID. Sans le développement de cette technologie, les vaccins à ARNm seraient restés dans le domaine de l’expérimentation et de la théorie.
Les travaux dans ce domaine ont été décrits pour la première fois en 1965 et se sont poursuivis sans relâche au milieu des années 70, lorsqu’il a été démontré qu’il était possible d’administrer un ARNm exogène dans les cellules à l’aide de liposomes, de minuscules sacs sphériques (plus petits que des cellules) constitués de molécules phospholipidiques ressemblant à des bulles de savon microscopiques qui renferment un noyau aqueux pouvant être chargé de divers médicaments, vaccins ou même d’ADN. Même les médicaments liposolubles peuvent être stockés dans la membrane bicouche lipidique.
Comme le montre la figure 9A, ces liposomes destinés à l’administration de médicaments peuvent être assez complexes. Conceptuellement, les liposomes sont des versions extrêmement petites des capsules que nous ingérons lorsque nous prenons des médicaments. Lorsque la capsule atteint notre estomac, elle se dissout et libère le médicament. Deux couches de ces lipides constituent la membrane cellulaire qui protège l’intérieur des cellules de l’extérieur.
Les liposomes tentent d’acheminer ces médicaments directement dans les cellules et tirent parti du fait que les membranes cellulaires sont également composées de lipides. Une fois qu’ils fusionnent avec la cellule, les médicaments contenus dans les liposomes sont libérés à l’intérieur de la cellule. En d’autres termes, ils permettent aux médicaments d’atteindre leurs cibles de manière plus uniforme, tout en acheminant des niveaux de médicaments plus élevés sur le site, comme les cellules cancéreuses ciblées par un médicament particulier. Par exemple, en 1995, le Doxil, ou doxorubicine liposomale, a été l’un des premiers médicaments utilisant cette technologie à obtenir l’approbation de la FDA pour le traitement de diverses tumeurs malignes et est toujours utilisé aujourd’hui.
Divers liposomes ont été mis au point, comme les liposomes ciblés qui contiennent des molécules spéciales qui se lient aux récepteurs cellulaires et sont ensuite transportées à l’intérieur de la cellule. Les liposomes cationiques ont des bicouches lipidiques chargées positivement, dont nous allons parler brièvement, et sont largement utilisés pour l’administration de gènes thérapeutiques.
Pour le lecteur intéressé, la vidéosuivante publiée dans News Medical Life Sciencesconceptualise ce que sont les lipides et comment ils sont utilisés pour fabriquer divers médicaments liposomaux. Un phospholipide est composé d’une tête hydrophile qui a tendance à se mélanger à l’eau et de deux queues hydrophobes constituées d’acides gras qui repoussent l’eau. Lorsque ces molécules de phospholipides sont exposées à l’eau, elles s’auto-assemblent en deux feuillets comme le montre la figure ci-dessous.
Toutefois, ce n’est qu’à la fin des années 1990 que Pieter Cullis, scientifique à l’université de Colombie-Britannique, a été le premier à utiliser des nanoparticules lipidiques sensibles au pH pour l’administration de médicaments. Avant ces travaux, l’utilisation de lipides pour délivrer de l’ARN était possible dans le cadre d’expériences impliquant des cellules, mais était assez toxique pour les animaux de laboratoire, sans parler des sujets humains.
Après avoir obtenu son diplôme de physique en 1972, Cullis s’est intéressé à l’étude des membranes cellulaires. Lors d’une entrevue accordée le mois dernier à Janet Rossant au centre MaRS Impact Health 2022, il a raconté ses premières expériences : «Les membranes biologiques sont absolument vitales, et nous en savions si peu à leur sujet. Il y a des milliers de lipides dans les membranes biologiques, et nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’ils font. Pas aujourd’hui, même, pour la majeure partie d’entre eux».
Après plus de dix ans d’étude et de travail sur ces membranes, il a pu concevoir des systèmes liposomaux qui utilisent un pH acide pour déstabiliser la bicouche lipidique et charger les médicaments en leur cœur, puis remontent le pH à un niveau neutre pour les stabiliser dans leur forme sphérique. L’idée des liposomes sensibles au pH est née de l’observation que certains virus enveloppés profitaient de l’environnement acide des organes d’une cellule pour l’infecter. De même, les cellules malignes présentent des environnements acides par rapport aux tissus normaux.
Les mécanismes de base permettant de travailler avec ces membranes ont commencé à prendre forme et Cullis s’est tourné vers l’entrepreneuriat en mettant sur pied une entreprise pour produire des médicaments de chimiothérapie qui pourraient acheminer ces traitements plus précisément là où ils sont nécessaires.
Mais ce travail n’a pas été jugé financièrement avantageux pour la société. Cullis se souvient : «Au milieu des années 90, le PDG est venu me voir et m’a dit ‘C’est très bien de mettre ces vieux médicaments anticancéreux dans des liposomes, mais je ne peux pas lever des fonds pour cela. Je dois faire de la thérapie génique’, qui était en vogue à l’époque, ce qui signifiait que nous devions encapsuler de l’ADN ou de l’ARN [qui sont des molécules hautement chargées] dans ces nanoparticules lipidiques. C’était un énorme problème».
À titre de précision, un article de Ryan Cross paru en mars 2021 dans Chemical & Engineering News, explique que ces nanoparticules lipidiques utilisées dans les vaccins contre la COVID «utilisent seulement quatre ingrédients: des lipides ionisables dont les charges positives se lient à l’épine dorsale chargée négativement de l’ARNm, des lipides pégylés qui aident à stabiliser la particule, et des molécules de phospholipides et de cholestérol qui contribuent à la structure de la particule». Cependant, il n’a pas été simple d’arriver à cette molécule sophistiquée.
Fondamentalement, comme Cullis l’a expliqué précédemment, les défis posés par ces molécules d’ADN et d’ARN relativement grandes et microscopiquement chargées ont dû être surmontés, notamment la toxicité associée aux premières versions des liposomes. «Il n’y a pas de lipides cationiques dans la nature, et nous savions que nous ne pouvions pas utiliser de lipides chargés positivement de façon permanente, car ils sont sacrément toxiques», notamment parce qu’ils déchirent les membranes cellulaires.
Comme l’explique Cross dans son article, «la solution est venue de nouveaux lipides qui n’étaient chargés que dans certaines conditions. À la fin des années 90 et au cours de la première décennie des années 2000, Cullis, ses collègues d’Inex Pharmaceuticals et Provita Biotherapeutics, une filiale d’Inex, ont mis au point des lipides ionisables qui sont chargés positivement à un pH acide, mais neutre dans le sang. Le groupe a également créé une nouvelle façon de fabriquer des nanoparticules avec ces lipides, en utilisant la microfluidique pour mélanger des lipides dissous dans l’éthanol avec des acides nucléiques dissous dans un tampon acide. Lorsque les flux de ces deux solutions ont fusionné, les composants ont spontanément formé des nanoparticules lipidiques qui, contrairement aux liposomes creux, étaient densément emballées avec des lipides et des acides nucléiques.»
Des années d’expérimentation visant à modifier la composition des nanoparticules lipidiques se sont souvent soldées par un échec. Comme l’a dit Thomas Madden, PDG d’Acuitas Therapeutics, qui travaillait chez Inex à l’époque, à Cross: «Vous pouvez avoir 50 lipides ionisables différents qui délivrent tous efficacement des cellules en culture, et 49 d’entre eux ne fonctionneront pas du tout in vivo.»
Outre la quantité importante de travaux réalisés pour comprendre comment ces particules fonctionnent à l’intérieur des cellules, d’autres travaux importants ont été réalisés pour comprendre comment ces particules sont transportées vers leurs cellules.
À la fin des années 2000, Cullis s’est associé à une société de Boston appelée Alnylam pour utiliser cette technologie afin de traiter les troubles hépatiques avec de petits ARN interférents. Finalement, les travaux réalisés par Alnylam en 2010 ont abouti à une formulation de nanoparticules lipidiques pour leur médicament à base de petit ARN interférent, Onpattro, utilisé pour traiter une maladie héréditaire rare, qui a reçu l’approbation de la FDA en 2018.
Bien que la formulation particulière d’Alnylam ait également fonctionné pour les ARNm, elle était encore maladroite. Vers 2015, Moderna a commencé à investir ses efforts pour améliorer ces lipides ionisables. Cross explique: «L’équipe [de chimistes] a fabriqué une centaine de lipides ionisables et a introduit des liaisons ester dans les chaînes de carbone des lipides pour les rendre biodégradables… Le fait de modifier le rapport des quatre lipides dans les nanoparticules a modifié la distribution des LNP [nanoparticules lipidiques] dans l’organisme.»
L’ancien chef du service des maladies infectieuses de Moderna, Giuseppe Ciaramella, a déclaré à Cross: «Le diable est absolument dans les détails en ce qui concerne les LNP. Mais une fois que vous l’avez optimisé pour un organe, vous changez l’ARNm avec une optimisation minimale.» Moderna est restée évasive et silencieuse sur ces développements, tout comme Pfizer et BioNTech.
Plus récemment, en mars de cette année, Alnylam a déposé une plainte auprès du tribunal fédéral du Delaware contre Moderna et Pfizer, affirmant que les fabricants de vaccins avaient enfreint ses brevets en développant les vaccins COVID. Début juillet, Alnylam a obtenu son brevet qui couvre « une classe révolutionnaire de lipides biodégradables cationiques utilisés pour former des nanoparticules lipidiques qui portent et acheminent » des vaccins à base d’ARNm. Moderna utilise son statut « en vertu de la loi fédérale » pour affirmer qu’il bénéficie d’une protection statutaire et insiste sur le fait que ses lipides ne ressemblent pas à ceux d’Alnylam.
L’ARNm en tant que concept thérapeutique prend forme: les investisseurs en capital de risque attendent dans les coulisses
Certes, l’expérience révolutionnaire de Robert Malone en 1987, qui consistait à produire une protéine en utilisant une lipofectine, un lipide cationique synthétique, comme véhicule pour transporter des morceaux d’ARNm synthétisés et les transférer dans des cellules de souris, était une pièce essentielle du puzzle. Cependant, personne n’imaginait alors que la production de vaccins à ARNm capables de sauver des vies serait réalisable en l’espace de deux décennies.
En effet, l’idée de traiter l’ARN comme un médicament était une intuition brillante. Mais ces intuitions ne sont pas le fruit d’un éclair. Elles sont plutôt le résultat de l’expérience acquise grâce aux travaux de nombreuses autres personnes qui ont fait progresser la science à un point tel qu’en moins de trois décennies après la découverte de l’ARNm, son utilisation en tant que thérapeutique était reconnue.
Pourtant, il restait encore beaucoup à faire. Seule une poignée de scientifiques comme le Dr Katalin Karikó a travaillé sur l’ARN pendant cette période. Comme elle le fait remarquer, l’ARN est une molécule difficile à travailler. Sa courte durée de vie, les quantités minuscules de protéines qui pouvaient être générées et les réactions indésirables graves à son administration faisaient que beaucoup le considéraient comme irréalisable. Très peu de personnes pensaient que l’ARNm pouvait offrir quelque chose de significatif, et il était difficile de trouver du financement sous forme de subventions pour soutenir les travaux dans un domaine aussi spécialisé. Les post-doctorants et les scientifiques de laboratoire sont soumis à une pression constante et doivent faire preuve de progrès continus, souvent mesurés par des publications à fort impact, pour obtenir le soutien de leurs institutions.
Biochimiste hongroise ayant acquis une vaste expérience dans le domaine des lipides et de l’ARN au cours de ses années de post-doctorat à l’Institut de biochimie du Centre de recherche biologique de Hongrie, Karikó s’est installée aux États-Unis avec son mari et sa fille de deux ans en 1985 après que son laboratoire eut perdu tout financement. Après avoir travaillé à l’Université Temple et à la Uniformed Services University of the Health Sciences à Bethesda, dans le Maryland, elle a été engagée par l’Université de Pennsylvanie en 1989 pour travailler sur l’ARN messager.
Comme elle l’explique, «j’ai toujours pensé que la plupart des patients n’ont pas réellement besoin de nouveaux gènes. Ils ont besoin de quelque chose de temporaire, comme un médicament, pour soigner leurs maux et leurs douleurs. Donc, l’ARNm a toujours été plus intéressant pour moi.»
Ses travaux avancent lentement, se retrouvent souvent dans des impasses, d’autant que l’intérêt pour les ARNm s’estompe rapidement. Les problèmes de santé personnels et les questions familiales ont également eu un impact considérable. Quant à la raison pour laquelle elle a continué à travailler à l’Université de Pennsylvanie, elle a expliqué lors d’un entretien avec PNAS : «La principale raison pour laquelle je suis restée… malgré l’absence d’un poste permanent au sein de la faculté, c’est que l’enthousiasme d’Elliot Barnathan et de David Langer pour nos expériences sur les ARNm correspondait au mien.»
Alors qu’elle réfléchissait à l’option de poursuivre ses recherches ou de s’orienter vers un tout autre travail, elle a rencontré Drew Weissman, un immunologiste qui avait emménagé à l’Université de Pennsylvanie en 1997 et qui peinait dans des travaux sur le VIH et «l’obtention de cellules immunitaires pour produire des vaccins.» [Voir l’article d’Amanda Keener Just the messengerde 2018] Karikó lui a suggéré d’utiliser l’ARNm, ce qui a marqué le début d’une longue collaboration.
Cependant, leurs premiers travaux ont rencontré un obstacle, l’ARNm déclenchant un arrêt de la production de protéines. Ils ont reconnu que l’un des nucléosides sous-jacents – les lettres du code génétique de l’ARN – était à l’origine de la réaction indésirable, mais lequel?
Alors qu’ils poursuivaient leurs recherches pour savoir pourquoi l’ARNm provoquait le système immunitaire, au début des années 2000, Karikó est tombé sur une étude montrant que l’uridine, l’un des acides nucléiques de l’ARN, semblait déclencher le système immunitaire par l’activation des récepteurs de type Toll. Ils ont décidé de remplacer l’uridine de leur ARNm par un analogue appelé pseudo-uridine, qui, à leur grande joie, a réduit la réponse immunitaire à un niveau gérable, de manière à avoir un effet thérapeutique, mais sans écraser et endommager le sujet hôte. Karikó a déclaré à propos de leur découverte: «Nous avons réalisé à ce moment-là que cela serait très important et pourrait être utilisé dans les vaccins et les thérapies. Nous avons donc publié un article, déposé un brevet, créé une entreprise, puis nous avons constaté qu’il n’y avait aucun intérêt. Personne ne nous a invités nulle part pour en parler, rien.»
Bien que leurs études n’aient pas été reconnues en 2005 par l’ensemble de la communauté scientifique, elles étaient d’une importance capitale et offraient une solution pratique pour découvrir de nouvelles thérapies pour des maladies qui n’avaient aucun traitement. Cependant, elles ont attiré l’attention de quelques scientifiques triés sur le volet qui allaient fonder les sociétés de biotechnologie Moderna et BioNTech.
En 2010, une rencontre entre Derrick Rossi, biologiste spécialiste des cellules souches à l’université de Harvard, qui a présenté l’idée d’une start-up technologique fondée sur l’ARNm à Robert Langer, un ingénieur biomédical du MIT devenu entrepreneur, et Noubar Afeya, un investisseur en capital de risque, a conduit en quelques mois à la création de la société Moderna. L’année suivante, ils ont engagé Stéphane Bancel en tant que PDG pour aider la société à augmenter le nombre d’investisseurs et de personnes intéressées. Rossi a quitté l’entreprise en 2014 à la suite d’un âpre différend sur la question de savoir qui avait conceptualisé les implications considérables de cette nouvelle technologie, mais avec ses parts de fondateur intactes.
Moderna, dans le récent procès contre Pfizer, fait référence à son brevet de 2010, qu’il convient d’évoquer brièvement.
En 2010, dans le laboratoire de Derrick Rossi, lui et son post-doc, Luigi Warren, essayaient de transférer de l’ARNm dans des cellules souches. Ils ont utilisé la modification de Karikó et Weissman et ont utilisé la 5-méthylcytidine, qui ressemble à l’ARN que les cellules fabriquent habituellement. Ils ont réussi, ont rapidement déposé une demande de brevet et ont commencé à chercher des investisseurs en utilisant leur ARNm modifié avec un «potentiel de balayage ». Cependant, il y avait un hic: le travail était une copie.
Comme le note un rapport de 2015 dans Nature, «le brevet de Karikó et Weissman a posé un défi à Moderna. Un rapport interne de 2010 de Flagship Ventures [voir le directeur général Noubar Afeyan], qui finançait Moderna à l’époque, indique que si les scientifiques ne parvenaient pas à identifier des alternatives à la pseudo-uridine et à la 5-méthylcytidine, “la technologie de notre entreprise pourrait être limitée à l’octroi de licences de propriété intellectuelle d’UPenn”.» Ils se sont tournés vers une variante de la pseudo-uridine appelée 1-méthylpseudo-uridine «qui semblait faire l’affaire.»
Kariko a rappelé qu’à l’époque, il y avait «des signes qu’il y aura une bataille féroce pour l’octroi de licences.» Le directeur général de Silence Therapeutics, une biotechnologie de l’ARN à Londres, Ali Mortazavi, a déclaré: «On ne sait vraiment pas qui possède quoi, donc personne ne veut rien divulguer.»
Quant à Karikó et Weissman, ils ont reçu leur brevet sur la pseudo-uridine et la modification de l’ARNm en 2012, mais peu après, l’Université de Pennsylvanie a vendu les droits intellectuels à Gary Dahl, qui dirigeait la société de fournitures de laboratoire qui allait devenir Cellscript. Karikó, sentant le vent tourner, a quitté l’université au début de 2013 et a accepté un poste chez BioNTech, où elle est restée. En 2018, BioNTech a conclu un partenariat avec Pfizer pour développer des vaccins à ARNm contre le virus de la grippe. Les essais cliniques ont commencé fin 2019, mais ont été rapidement interrompus en raison de l’apparition d’un nouveau coronavirus à Wuhan, en Chine.
Conclusion
Au début de ce siècle, il y a un peu plus de deux décennies, personne n’aurait pu concevoir le potentiel apparemment infini de l’ARNm, qui n’est apparu qu’avec la pandémie de COVID. Alors qu’il a fallu quatre ans pour mettre sur le marché le vaccin moderne contre les oreillons au début des années 1960, il n’a fallu que quelques jours après la révélation de la séquence génétique du nouveau coronavirus, début janvier 2020, pour que Moderna fabrique le prototype de l’ARNm.
Mais plutôt que d’utiliser cette technologie pour produire ces vaccins en masse à l’échelle internationale et de s’en servir comme complément pour entamer une campagne d’élimination/éradication, les vaccins ont été financiarisés et utilisés comme armes pour promouvoir la politique consistant à «vivre avec le virus». Le nationalisme vaccinal a dominé le déploiement et les pays à revenu faible ou intermédiaire ont été abandonnés.
Les querelles judiciaires actuelles impliquent une lutte entre les intérêts d’entreprises rivales pour savoir qui récoltera les profits colossaux à tirer de l’immense potentiel que l’ARNm offre au monde. Ce potentiel comprend d’importants travaux menés dans le cadre de thérapies contre le cancer. Outre la COVID, des travaux sont en cours sur des vaccins contre le VIH, la tuberculose et la malaria. Des maladies héréditaires rares qui ne recevaient presque jamais de financement sont maintenant ciblées par la thérapie ARNm. Ces exemples ne font qu’effleurer la surface.
Cullis a récemment observé que, compte tenu des récents succès obtenus avec les vaccins contre la COVID, les thérapies par siRNA et la technologie CRISPR [édition de gènes], «c’est complètement révolutionnaire. Nous entrons dans l’ère des thérapies personnalisées, et je pense que les gens devraient commencer à en prendre conscience. Jusqu’à présent, nous avons eu recours à une approche unique de la médecine, comme si ces produits étaient adaptés à chacun d’entre nous, ce qui n’est pas le cas.»
Ces progrès ont des implications considérables sur la façon dont la médecine peut être conçue et appliquée. Ces traitements ciblés peuvent être formulés en quelques jours et être abordables.
Comme le montre l’examen de l’histoire de la science à l’origine de la découverte des mécanismes moléculaires cachés à l’intérieur des cellules, il est aussi absurde de revendiquer un monopole sur les connaissances intellectuelles et les techniques scientifiques permettant d’exploiter ces mécanismes que de breveter l’oxygène, l’eau ou les plantes et les animaux dont la consommation fait vivre les êtres humains. Personne ne possède les propriétés naturelles qui sont à la base de la vie. La capacité de les utiliser pour éviter les maladies et révolutionner la médecine doit être retirée des mains de ces parasites financiers et devenir la propriété de toute l’humanité.
(Article paru en anglais le 28 septembre 2022)