La pollution de l’air en Ile-de-France diminue… mais pas assez – Le Parisien

La bonne nouvelle est relative. Oui, la qualité de l’air s’est améliorée en Île-de-France en 2021, « dans la continuité des tendances observées ces dernières années ». L’an dernier “il y a eu 11 épisodes de pollution, (…) soit le plus faible nombre de jours de dépassement en dix ans”, note Airparif dans son rapport annuel publié mardi.

« 60 000 Franciliens sont toujours exposés à des concentrations qui dépassent la limite légale française et européenne de dioxyde d’azote (NO2) le long des grands axes de transport » comme le périphérique et l’autoroute A1. Pour les particules PM10, par exemple, il y a toujours un dépassement de la valeur limite pour “moins de mille habitants”. Mais les réglementations françaises et européennes sont moins strictes que celles de l’Organisation mondiale de la santé. Selon l’OMS, les chiffres sont bien plus alarmants : si la qualité de l’air en Île-de-France s’est effectivement améliorée depuis un an, la réalité est que les 12 millions d’habitants restent exposés à la pollution. dépasser les recommandations, entraînant des milliers de décès prématurés.

« La quasi-totalité des Franciliens est exposée à un air qui ne respecte pas les nouvelles recommandations annuelles (10 μg/m³ en moyenne) et quotidiennes (25 μg/m³ pas plus de trois jours par an) de l’Organisation mondiale de la santé. , avertit le rapport .

Moins de chauffage et de circulation

Les concentrations en dioxyde d’azote et en particules fines (PM10 et PM2,5) ont diminué par rapport à 2019 et aux années précédentes, précise l’observatoire de la qualité de l’air d’Île-de-France. Cette tendance à la baisse est notamment liée au reflux des émissions causées par le chauffage résidentiel et le transport routier. En revanche, par rapport à 2020, année particulière marquée par le Covid-19, “les niveaux de NO2, PM10 et PM2,5 ont légèrement augmenté”.

Suivre ces recommandations permettrait d’éviter 7.900 décès prématurés chaque année, estime Airparif, en se basant sur une étude publiée début 2022 avec l’Observatoire régional de santé (ORS) d’Île-de-France. Par ailleurs, l’organisme, agréé par le ministère de l’Environnement, souligne que la pollution de l’air est à l’origine de “maladies chroniques graves, notamment les maladies cardiovasculaires et respiratoires et le cancer”.

Les résultats de cette étude sont “une très bonne nouvelle pour notre santé et notre qualité de vie”, estime David Belliard (EELV), l’assistant trafic à Paris. C’est le cœur de la politique que nous menons : réorienter l’espace public, promouvoir et développer une mobilité plus propre, travailler à la création d’une voie réservée au covoiturage sur le périphérique, ces politiques portent leurs fruits. Nous poursuivrons et intensifierons nos efforts pour faire de cet important combat une victoire. »

Grand Paris : La zone environnementale (ZFE) peine à se réaliser

Les travaux à réaliser s’étendent bien au-delà des frontières de la capitale. Depuis 2019, la Métropole du Grand Paris (MGP) travaille à la mise en place d’une zone environnementale (ZFE), un périmètre délimité par l’A86 dont sont exclus les véhicules les plus polluants. Le calendrier initial prévoyait que les véhicules Crit’Air 3 (diesel d’avant 2011 et essence d’avant 2006) seraient interdits de circulation d’ici le 1er juillet 2022. -France, le MGP a décidé en janvier de reporter cette phase à 2023.

Le sujet est très sensible. Les élus de tous bords s’accordent à dire qu’il ne suffit pas d’aider les ménages modestes à acheter des véhicules « propres ». Et que sans soutien financier massif il est politiquement impensable d’instaurer des sanctions automatiques pour les auteurs de verbalisation vidéo. Le conseil d’administration de la MGP a voté en faveur d’une demande à ce sujet lors de sa réunion de ce lundi. La maire de Malakoff (92), Jacqueline Belhomme (PCF), a appelé l’Etat à “prendre ses responsabilités”. « Réduire l’empreinte et l’utilisation de la voiture est un besoin que nous partageons. Mais l’effet de double péril sur la classe ouvrière doit être évité à tout prix. Car les solutions proposées sont insuffisantes. »

David Belliard, représentant EELV pour les transports à Paris, convient que l’Etat doit “accélérer” dans la lutte contre la pollution de l’air. « Le report de la ZFE à 2023 est un revers. Il faut que l’État s’occupe d’abord de l’aspect social, en aidant les plus vulnérables, qui dépendent encore de la voiture et sont souvent les plus vulnérables à la pollution.” Quant au volet répressif : “Le gouvernement en parle depuis des mois . Il n’y a pas d’obstacles techniques, mais il y a un manque de volonté politique pour imposer des sanctions automatiques avant les élections », a déclaré l’élu parisien, ajoutant : « La pollution de l’air est une bombe sanitaire. Cette inaction du gouvernement est coupable.

Tony Renucci, directeur de la très active association Respire, est d’accord. L’association, qui mène des études ou des procédures d’alerte à la pollution de l’air, a accueilli avec une relative satisfaction les résultats de l’expertise d’Airparif. “C’est mieux… Mais on a encore beaucoup à faire”, conclut Tony Renucci, qui, faute de volonté politique, dénonce les mesures de réduction de la pollution partiellement mises en place. “On a vu le report de l’extension de la ZFE à 2023 au mieux ! Le dossier n’avait pas été adéquatement préparé avec les utilisateurs en amont. Cela ne pouvait pas fonctionner. Commençons par appliquer réellement l’arsenal de mesures de réduction de la pollution disponibles. Nous devons le faire… vite ! ’ conclut le militant associatif.