Ces obligations font grand bruit, même si le Tribunal administratif fédéral de première instance a rappelé dans un arrêt publié mardi soir que la banque Credit Suisse elle-même avait renoncé à un recours concernant une partie de ces instruments alloués à ses employés, l’une des composantes de sa prime.
Le 19 mars, sous la pression des autorités suisses, UBS a accepté de racheter son concurrent pour 3 milliards de francs suisses (l’équivalent en euros) pour éviter sa faillite.
Afin de rendre possible ce sauvetage d’urgence, le régulateur suisse du marché Finma avait fait en sorte que les obligations dites AT1 (Additional Tier 1) soient intégralement remboursées. Leur valeur de 16 milliards de francs a ainsi été réduite à zéro.
Ces obligations sont des instruments financiers complexes introduits après la crise financière de 2008 dans le but de renforcer les banques.
Cette décision de la Finma a provoqué l’étonnement des investisseurs, puisqu’en cas de faillite, les obligataires s’alignent généralement en premier dans l’ordre de remboursement.
Des cabinets d’avocats et des investisseurs de soutien se sont depuis mobilisés pour contester cette décision. Le Tribunal administratif fédéral a actuellement reçu 230 plaintes contre l’Autorité suisse de surveillance du marché, a indiqué à l’AFP un porte-parole du tribunal et confirmé une information de presse. Ils proviennent d’environ 2 500 personnes qui se sont réunies pour contester la décision de la Finma.
Le tribunal n’a pas fourni d’autres détails car il s’agit d’affaires judiciaires en cours. Il ne peut donc pas se prononcer sur la date éventuelle de l’audience.
La Finma, qui a été contactée par l’AFP, n’a pas fait de commentaire et a renvoyé à sa décision de mars et à la notification du Conseil fédéral sans autre commentaire.
Le Credit Suisse renonce à tout recours
les procès se multiplient. Le journal suisse NZZ am Sonntag a rapporté dimanche qu’un cabinet d’avocats au Japon prépare un procès et tente de rassembler autant de créanciers lésés que possible afin d’engager une procédure d’arbitrage international contre la Suisse.
Et lundi, le Financial Times révélait que des salariés souhaitaient également porter plainte contre le flic des marchés financiers pour la suppression des primes liées à ces obligations.
Les cabinets d’avocats Quinn Emanuel et Pallas auraient reçu plusieurs demandes de la part de cadres supérieurs de banques, selon le quotidien économique britannique. Le montant est d’environ 400 millions de dollars en bonus associés à ces obligations. Ces deux sociétés représentent déjà de grands investisseurs qui ont uni leurs forces pour protester contre la décision.
La banque elle-même avait déposé une plainte auprès du Tribunal administratif fédéral en raison d’interprétations différentes de certains de ces instruments financiers.
“Du point de vue du groupe bancaire, cette décision n’a pas affecté les Contingent Capital Awards (CCA), qui n’ont pas été émis par Credit Suisse Group SA lui-même, mais ont été attribués par d’autres sociétés du groupe à leurs employés dans le cadre de leur rémunération. “, déclare le tribunal administratif Dies geht à partir d’un jugement publié mardi soir, qui précise que la Finma a réfuté cette interprétation.
Dans une lettre datée du 9 mai, le Credit Suisse a finalement informé le tribunal “de sa décision de renoncer à tout recours”, a indiqué la justice suisse dans un communiqué.
Mardi, le Trésor suisse a annoncé que le Credit Suisse devait examiner la possibilité d’un remboursement des bonus versés à ses cadres depuis 2019.
La banque doit signaler ce point au ministère des Finances et à l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers.
Début avril, le gouvernement a demandé la suppression de toute rémunération variable pour l’équipe de direction du Credit Suisse due d’ici la fin de 2022. Ils sont réduits de 50 % pour le niveau inférieur et de 25 % pour les cadres de troisième niveau.