Doit-on choisir entre le cœur et la raison ?

Aujourd’hui, avec les scandales qui polluent le monde financier, personne ne nie qu’il doit être durable et permettre l’Investissement Socialement Responsable (ISR). Et on peut saluer l’avènement récent de critères extra-financiers pour évaluer non seulement la performance financière d’un investissement, mais aussi son impact environnemental, social et de gouvernance (ESG).

Mais ce que nous oublions, c’est que la finance n’est qu’un outil qui permet d’utiliser l’argent. Et un outil n’a pas à être responsable ! C’est à l’individu qu’il faut s’adresser, c’est-à-dire au financier, car c’est lui qui peut développer une éthique dans l’usage et la finalité de l’instrument. Si des critères tels que l’ESG, l’ISR et d’autres normes de taxonomie peuvent aider à la réglementation et au suivi, nous devons aller plus loin. Ne pourrait-on pas évaluer la finance durable avec un cadre de lecture différent ?

Nous suggérons donc retour aux gens et aux quatre vertus cardinales qui peuvent inspirer n’importe qui : la prudence, le courage, la justice et la tempérance. Inspirantes parce qu’elles forment un tout, ces quatre vertus pourraient être un repère qualitatif, une boussole morale pour le financier.

De notre point de vue, deux vertus étroitement liées doivent être particulièrement soulignées dans notre sujet : celui de la justice et celui de la tempérance. En effet, la rémunération exigée par l’argent et l’appétit généré par l’argent – la cupidité – peuvent conduire au déni de justice, celui qui garantit la prise en charge des personnes : salariés, fournisseurs, clients… Au-dessus d’un certain niveau de profit, il convient de se demander : ne sommes-nous pas en abondance ? A qui « profite » le profit ? C’est la tempérance qui doit nous inciter à prendre des décisions qui ne visent pas seulement à maximiser la rentabilité, et donc à maintenir une certaine sobriété, complétée par la vertu de justice, qui nous aide à considérer les personnes impliquées. par la décision.

Plus de 10 milliards de capitaux d’investissement sont investis chaque année dans notre pays. Cependant, le capital-risque ne peut que distraire 1 milliard aux jeunes entreprises innovantes. Ce que cela nous montre, c’est une attitude d’investisseur, un intérêt pour la gestion de l’argent qui génère le plus d’intérêt possible avec le moins de risque possible. Ce raisonnement, qui privilégie toujours la performance, est incompatible avec la prise de risque et le souci des autres. Si le courage ne manque pas à la finance, c’est la prudence poussée à l’extrême qui décourage la prise de risque – qui mérite d’ailleurs davantage d’encouragement et de reconnaissance de la part des pouvoirs publics. Car cette volonté de prendre des risques, c’est avant tout le courage de faire confiance à mon alter ego, l’entrepreneur, de lâcher mes certitudes et d’emprunter un chemin où rien n’est sûr. Mais cette vertu de courage doit être jumelée à celle de prudence afin d’exercer son jugement et de préparer le terrain pour un investissement sain du cœur et de l’esprit.

Si les vertus cardinales sont des buffs éclairants, elles ne peuvent être appliquées qu’aux humains. Or, le système n’évalue aujourd’hui les vertus des financeurs qu’a posteriori, essentiellement en cas de chute, comme l’ont montré la crise de 2008 et, plus récemment, le scandale des Ehpad.

En plus des vertus cardinales, nous proposons deux lignes directrices qui peuvent nous guider avant de faire un investissement.

Finance = profit, mais lequel ? Et au profit de qui ?

Pour en revenir à l’étymologie, on comprend ce que devrait être la finance responsable : le profit vient du latin bien etc. Faire ce que ______________ signifie BIEN etc. Foire industrielle. On peut donc revenir à la définition littérale de Utiliser qu’est-ce que cela signifie bien joué. Au cours des dernières décennies, cependant, les financiers ont malheureusement limité la notion de profit à la comptabilisation du résultat et donc des bénéfices réalisés. Alors que les financiers doivent se demander quel ” Avantages qu’ils génèrent, et Utiliser (au lieu de faire – faire pour) par qui !

Pour garder cette question à l’esprit, nous devons nous souvenir de ce L’argent est un outil et non le but ou en d’autres termes, l’argent doit rester un serviteur et non devenir le maître. Pour lui obtenir cette place, il faut sortir des systèmes spéculatifs et anonymes Retour à l’utilisation en court-circuit qui aboutit à une transaction qui reste un échange entre personnes.

Aujourd’hui, le lien entre la finance et le bien commun est souvent souligné. C’est à peu près alors Concentrer les investissements sur les activités à impact et dans des domaines qui ont à voir avec l’avenir de notre humanité : notre santé, notre alimentation, notre environnement, notre espace de vie ou encore notre éducation. Mais ces communs évitent souvent de parler de la place centrale qu’est le bien du peuple. Et de l’objectif que nous, financiers, devons avoir à tout moment, contribuer à la dignité et à l’épanouissement des personnes dans toutes ses dimensions : matérielle, sociale, intellectuelle, culturelle et même – dimension essentielle et fondamentale souvent balayée sous le tapis – spirituelle. En tant que personnes attentives aux soins des autres, les investisseurs peuvent être des investisseurs responsables et contribuer à construire une société plus juste et durable.

Les Vertus Cardinales peuvent donc être la boussole offerte aux financiers qui ont besoin de générer des « bénéfices » pour le peuple. Enfin, nous emprunterons à la pensée sociale chrétienne l’attention portée aux plus fragiles comme l’aiguille pointée vers le nord. Mais au-delà de ça partage de la richesse financière créé, ce qui passe par une redistribution philanthropique et solidaire, nous pensons que c’est avant tout en passant du temps, donc en étant au contact et dans les relations avec les personnes vulnérables que l’investisseur se responsabilise et trouve son vrai bonheur, son épanouissement personnel… Et chacun contribue alors d’autant plus à un financement qui jouera son rôle de colibri au service du bien commun !