Plus d’une centaine de chercheurs en robotique d’universités américaines ont signé une lettre ouverte contre des projets conjoints avec des institutions policières, citant les meurtres de citoyens à motivation raciale par des policiers dans le pays comme une source de préoccupation. Les chercheurs voient un “risque important” que la technologie qu’ils ont contribué à développer soit utilisée à mauvais escient par les forces de police. Tom Williams de la Colorado School of Mines a souligné le manque de confiance dans les forces de l’ordre américaines et comment l’utilisation de robots dans des assassinats ciblés a encore sapé cette confiance. La possibilité d’un recours injustifié à la force et à la surveillance policière, en particulier contre les minorités défavorisées, est mentionnée comme un risque de coopération avec les institutions policières.
Le document de l’atelier, rédigé par Williams et Kerstin Haring de l’Université de Denver, a averti que la collaboration entre les chercheurs et la police pourrait être perçue comme une validation de l’activité policière, décourageant davantage les groupes minoritaires de s’engager dans des disciplines robotiques. Ils ont appelé à la prise en compte des origines historiques de la police en Amérique en tant qu’outil contre les travailleurs immigrés et les esclaves, qui ont façonné sa nature fondamentale aujourd’hui. Les chercheurs ont également suggéré que les fonds provenant de la militarisation de la police pourraient être mieux alloués aux initiatives de prévention du crime et de protection sociale.
Williams et Haring ont exhorté les chercheurs travaillant dans des domaines qui justifient la collaboration des forces de l’ordre à envisager de s’associer à d’autres entités, telles que des sauveteurs civils ou des travailleurs sociaux, pour atteindre leurs objectifs de recherche. La lettre ouverte, intitulée “Pas de justice, pas de robots”, a été présentée lors de la conférence sur l’interaction homme-robot (HRI) dans le cadre de l’atelier Inclusive HRI. Cela représente une préoccupation croissante parmi les scientifiques quant à l’utilisation abusive potentielle de la technologie robotique par les forces de police.
