Au Maroc, le Parlement rejette « l’ingérence » des députés européens

Manifestation de soutien à Omar Radi, journaliste et militant marocain condamné à six ans de prison ferme pour « viol » et « espionnage », accusations qu’il nie, à Casablanca, le 22 septembre 2020.

Le Parlement du Maroc a unanimement rejeté lundi 23 janvier les accusations « fallacieuses » des députés européens et toute « ingérence » dans les affaires du royaume, en réponse à une résolution du Parlement européen s’inquiétant de la détérioration de la liberté de la presse dans le pays.

Les deux chambres du Parlement se sont réunies en séance plénière à Rabat pour « évaluer » la résolution du Parlement européen (PE), qui s’est également inquiété des allégations de corruption pesant sur ce pays.

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Les « décisions [des eurodéputés] ne vont pas nous intimider et nous n’allons pas changer notre trajectoire et nos approches », a déclaré Mohamed Ghiat, le président du groupe du Rassemblement national des indépendants (RNI), le principal parti de la majorité.

La résolution du PE est « une tentative désespérée d’influencer la justice marocaine indépendante » et une « violation de la souveraineté d’un pays partenaire », a renchéri Ahmed Touizi, du Parti Authenticité et Modernité (PAM), autre formation de la coalition gouvernementale.

Le cas d’Omar Radi

Se faisant l’écho de plusieurs parlementaires, M. Touizi a accusé la France – sans la citer – d’être à l’origine d’une campagne antimarocaine à Bruxelles. « Dans les coulisses de cette décision se cache un pays que l’on croyait ami et partenaire sûr, mais l’odeur du gaz lui a fait perdre sa tête », a-t-il opiné, en référence au rapprochement entre Paris et Alger.

Dans un texte adopté à une large majorité la semaine dernière à Strasbourg, le Parlement européen a enjoint les autorités marocaines à « respecter la liberté d’expression et la liberté des médias » et à mettre fin au « harcèlement de tous les journalistes ».

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Les eurodéputés ont mis en lumière le cas d’Omar Radi, un journaliste indépendant de 36 ans critique envers le pouvoir, condamné à six ans de prison ferme pour « viol » et « espionnage », accusations qu’il nie. Ils se sont également dits « profondément préoccupés » par « les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen ».

Lundi, tous les groupes parlementaires se sont retrouvés pour dénoncer les « diktats étrangers » et « l’ingérence dans le système judiciaire indépendant » marocain. Quelques voix, à gauche, se sont néanmoins élevées pour réclamer « la libération de tous les prisonniers politiques ».

En conclusion, le Parlement « a décidé de reconsidérer ses relations avec le Parlement européen et de les soumettre à une évaluation globale », sans plus de détails, a indiqué Rachid Talbi Alami, président de la chambre des représentants.

Le Monde avec AFP