De notre correspondant à Tunis,
Lorsque le jeune réalisateur Yassine Redissi a écouté cette chanson sur YouTube en 2011, peu après la révolution, il s’est demandé qui était le chanteur. Un homme à barbe pleine chantant dans les rues de Besançon, une Tunisie d’antan.
«Elle a merveilleusement décrit un été à Tunis dans les années 1960 et 1970, c’était coloré, c’était cosy. C’était un personnage qui avait une discographie très riche sur l’amour de la Tunisie, l’exil, le patriotisme, les difficultés à partir, etc. »
Le réalisateur décide de réaliser un documentaire hommage à cet artiste tuniso-juif qui, bien qu’inconnu, incarne l’esprit de La Goulette, un quartier de la banlieue nord de Tunis. Un quartier où, avant l’indépendance du pays, se rencontraient les Maltais, les Livornais, les Français, les Tunisiens, les Musulmans et les Juifs.
Henri Tibi a photographié cette diversité au quotidien parallèlement à son travail d’auteur-compositeur. “Alors ces 6 000 archives, il fallait d’abord les numériser, puis les trier et ensuite choisir lesquelles inclure dans le film‘ explique le réalisateur.
Au-delà du documentaire, Yassine a travaillé avec le jeune chanteur Slim Ben Ammar sur des initiatives visant à préserver la mémoire de l’artiste, comme Ce concert était organisé à l’Institut français.
parfum de nostalgie
Dans le public, il y a beaucoup de jeunes pleins de nostalgie d’une époque qu’ils n’ont pas connue, comme Nour Bey, 28 ans et avocat. “En fait, je ne peux pas expliquer cet intérêt autrement qu’un véritable intérêt identitaire ou un style de vie par procuration et aussi, à travers le film, les souvenirs que mes parents ont de leurs amis d’enfance juifs.Elle pense.
Pour Slim Ben Ammar, le chanteur, les propos d’Henri Tibi sont toujours d’actualité : “Ça me plaît et aussi à tous mes camarades qui m’ont aidé à travailler sur cet album et du coup on a essayé de s’en débarrasser. C’est la continuité, il s’agit d’un film qui ne meurt pas et de la musique qui ne meurt pas non plus.»
Sans public suite à l’indépendance du pays et au départ de nombreux juifs, Henri Tibi était parti finir sa vie en France, où il chantait à Besançon qu’un jour il reviendrait dans son pays natal.
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